Le point de départ. The starting point.

Le véganisme est la base morale, le point de départ, du mouvement abolitionniste pour les droits des animaux. Dans ce blog je vais explorer des problèmes animaliers selon la perspective du mouvement abolitionniste naissant.

2007-03-30

C'est quoi, le mouvement abolitionniste?

La position abolitionniste sur les droits des animaux, développée par Gary L. Francione dans son livre Rain Without Thunder paru en 1996, suit le courant philosophique défendant que nous n’avons pas le droit d’utiliser les animaux comme ressources, jusqu’à sa fin logique : d’abord, si nous voulons abolir l’exploitation des animaux, la première chose à faire c’est de l’abolir de notre vie en devenant végan. Ensuite il faut que nous persuadions d’autres gens de la nécessité morale de l’abolition de l’exploitation animale, et ce faisant ne pas utiliser des méthodes ou tactiques qui sont contre les droits des animaux ou en général qui emploient ou appuient l’exploitation ou l’oppression d’êtres sensibles (y compris les humains – pensez aux publicités sexistes à la PETA…)

La position abolitionniste rejette les actions et les campagnes qui ne sont pas compatibles avec les droits des animaux – telles les réformes pour le bien-être des animaux. Certains groupes (ou individus) qui mènent des campagnes pour de telles réformes adhèrent à la philosophie du bien-être (dite « welfarist » en anglais, j’utiliserai le terme « réformiste ») qu’il n’y a rien de mal dans le fait d’utiliser les animaux, pourvu qu’ils soient traités de « bonne » manière ou « humainement » (des groupes comme les Humane Society, IFAW, Canadian Coalition for Farm Animals, et tous ceux qui disent qu’on peut être des « omnivores consciencieux » adhèrent à cette philosophie), tandis que d’autres sont contre l’exploitation animale et voudraient qu’elle soit abolie, mais dans l’entre-temps croient qu’il est nécessaire ou acceptable de poursuivre des réformes pour le bien-être, croyant que ces réformes peuvent mener à l’abolition éventuelle ou au moins « réduire la souffrance aujourd’hui ». Ce dernier group (comprenant des organismes tels PETA, Farm Sanctuary, etc) est celui nommé « new welfarist » par Gary Francione (j’utiliserai le terme « néo-réformiste ») – ils ont une philosophie ou « intention à long terme » différent, mais ils continuent à appliquer nombres de tactiques déjà utilisées par les réformistes.

L’abolitionnisme postule que ces tactiques ne peuvent en fait mener à l’abolition, mais seulement à d’autres réformes et à un public qui se sent plus à l’aise avec le fait de manger des animaux traités plus « humainement ». Poursuivre ou soutenir des campagnes de réforme donne une légitimité à l’exploitation (parfois très explicitement, comme quand des groupes pour les « droits des animaux » font l’éloge de compagnies comme Whole Foods, McDonald’s, ou Burger King, pour avoir promis de traiter « plus humainement » les animaux qu’ils exploitent). De tels partenariats avec l’industrie ainsi que de la législation pour de nouvelles « normes de bien-être » sont de très bonnes campagnes de relations publiques pour les exploiteurs (et pour les groupes réformistes ou néo-réformistes qui crient « victoire »), et la plupart du temps les réformes ont très peu d’effet sur le niveau de souffrance des animaux. Les campagnes pour le bien-être prennent pour acquis l’exploitation des animaux, et ce faisant, en ne dénonçant pas fermement cette exploitation, elles renforcent la perception de la légitimité de l’exploitation animale dans notre société.

Ces campagnes ne récusent pas le statut des animaux comme des biens marchands, des produits. Elles ne s’attaquent pas à la racine du problème – le fait que les animaux soient des propriétés. Tant que les animaux possèdent le statut légal de propriété, les seules réformes qui vont survenir sont celles qui, en fin de compte, sont acceptées comme rentables par les propriétaires. Les droits des propriétaires de se servir de leur propriété l’emporteront toujours sur les intérêts, même les plus fondamentaux, de cette « propriété » vivante, puisque la propriété n’a pas de droits légaux. Ainsi, les campagnes de réforme pour le bien-être n’ont en fait rien à voir avec les droits des animaux; nous ne pouvons prétendre donner des « droits » aux animaux en modifiant les fins détails de leur traitement tant qu’ils n’ont même pas le droit le plus fondamental de ne pas être considéré de la propriété. En ce sens le seul droit dont les animaux non-humains ont besoin que nous leur accordons est celui de ne pas être une propriété légale. À ce moment là, les exploiter, violer leur intégrité corporelle, les tuer simplement parce que nous aimons le goût de leur chair et de leurs fluides corporelles, ne serait plus justifiable. Les attitudes spécistes de notre société doivent être mises en question, récusées pour que ceci soit possible. Ça ne va pas se produire tant que les défenseurs des animaux soutiennent ou réclament des méthodes « moins pires » permettant de continuer à exploiter les êtres sensibles.

Bien sûr il est toujours mieux de causer moins de tort que plus, mais mener ou soutenir des campagnes qui acceptent n’importe quel niveau d’exploitation est contradictoire et contre des droits des animaux. Il y a aussi le fait que nos ressources soient finies : la poursuite de campagnes réformistes écarte notre temps et nos ressources de la promotion du véganisme, en plus de subvertir cette promotion.

Ce qu’il faut que nous fassions c’est la promotion du véganisme, en se concentrant sur l’injustice implicite dans toute exploitation au lieu de se concentrer seulement sur les évidents abus et souffrances. On a besoin de bâtir un mouvement populaire abolitionniste : de faire croître le nombre de gens qui s’engagent à attaquer la racine du problème en rejetant le statut de propriété des animaux et d’adopter un mode de vie végan et abolitionniste.

Nous avons besoin d’encourager un changement de paradigme par rapport aux animaux non-humains afin de les considérer comme êtres sensibles (doués de sensations comme le plaisir et la souffrance) qui ont droit au respect véritable et tout ce que ceci implique, plutôt que comme des propriétés, des êtres inférieurs, à dominer, exploiter, utiliser, tuer pour nos caprices. Tant que les gens n’effectuerons pas ce changement de paradigme, rien ne changera de manière significative.

C’est à nous de faire le premier pas. Chacun d’entre nous a le pouvoir de changer nos propres habitudes consommatrices afin d'évacuer l’exploitation animale de notre vie. Chacun d’entre nous a le pouvoir de se prononcer contre le spécisme d'une manière qui est cohérente, sans compromis, et qui s’attaque à la racine du problème : c’est-à-dire d'une manière abolitionniste.

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