Comment PETA nuit à la cause des droits des animaux
Veuillez noter : les arguments généraux contre les tactiques « néo-réformistes » parmi les explications suivantes s’appliquent bien sûr à tous les groupes « néo-réformistes », mais cette note vise PETA en particulier à la suite de commentaires récents de la part de membres de PETA, dans les commentaires du blog ainsi qu’ailleurs.
PETA n’est pas un organisme pour les droits des animaux, mais ils ont quand même réussi, du fait de leur grande influence, à cultiver et maintenir une image vis-à-vis du public qu’ils seraient « le » groupe en faveur des droits des animaux. Ceci est très nuisible à la cause des droits des animaux, puisqu’ils mènent des campagnes et ont des politiques officielles qui sont incompatibles avec les droits des animaux. Ce qui veut dire que non seulement ils mènent des campagnes inconciliables avec les droits des animaux, mais ils font la promotion de ces campagnes comme si elles définissaient la nature des droits des animaux. Y est-il alors surprenant que la plupart du public, ainsi que certains défenseurs des animaux, ne comprennent ni qu’il y a une différence entre les réformes de normes de bien-être animal et les droits des animaux, ni que ces deux concepts sont fondamentalement incompatibles? En ce moment, cette confusion par rapport à ce que veut dire « droits des animaux » est une des barrières les plus importantes qu’il nous faut surmonter sur le chemin vers l’abolition éventuelle de l’exploitation animale – il faut que nous fassions explicitement la distinction entre réformes de bien-être et droits et montrer explicitement que c’est le statut de propriété des animaux qui est la racine de toutes les actions atroces commises contre eux. Bref, il nous faut d’abord habituer les gens à entendre un vrai argument en faveur des droits des animaux qui explicite le paradigme de propriété tout en dénonçant la souffrance et la cruauté, au lieu de se concentrer seulement sur les traitements cruels, et qui explique comment les différences fondamentales entre notre position et celle qui accepte l’utilisation des animaux dans certaines circonstances écartent nos efforts de ceux qui visent des normes de bien-être. PETA et les autres organismes néo-réformistes perpétuent cette confusion et représentent faussement le concept de droits des animaux, et donc non seulement ils ne font rien pour surmonter cet important obstacle, mais ils l’élèvent sans cesse.
En ce qui concerne quelques exemples particuliers (parmi beaucoup d'autres) d’actions et de politiques de PETA qui vont à l’encontre des droits des animaux :
-ils ne réclament pas le droit à la vie pour les non-humains (rechercher "we do not advocate 'right to life' for animals" sur cette page), et tuent ainsi des animaux en bonne santé, s’opposent aux refuges qui ne pratiquent pas l’euthanasie, s'opposent aux programmes de piéger-stériliser-relâcher en préférant « aider » les chats sauvages en les tuant (résumé dans le même lien ci-haut). -ils donnent des prix à des concepteurs d’abbatoirs et de vendeurs de produits animaliers provenant d’animaux élevés « humainement », et font la promotion de produits vendus en restauration rapide non-végans tels le hamburger végétarien de Burger King. -ils emploient des campagnes publicitaires sexistes qui traitent les femmes comme des objets sexuels. Leur raisonnement semble être que « le sexe aide à vendre », mais en quoi est-ce faire la promotion des femmes (et parfois des hommes aussi) en tant qu'objets sexuels, et le sempiternel renforcement des standards occidentaux traditionnels de beauté, ainsi que la présentation de campagnes de divertissement misogynes, en quoi cela encourage-t-il qui que ce soit à penser sérieusement à des enjeux de justice sociale? Un mouvement de justice sociale (les droits des animaux) ne peut être promu au détriment d’un autre (le féminisme); toutes les formes d’oppression sont reliées. Ceux qui soutiennent ces campagnes nient peut-être l’accusation de sexisme avec l’excuse que les femmes en question y ont participé volontiers. Oui elles ont participé volontiers, mais dans le cadre d’une société basée sur un régime patriarcal qui est tellement enraciné que beaucoup de gens ne peuvent pas le reconnaître et certains pensent même que le sexisme n’est plus un problème de nos jours, cela ne veut pas dire que ces campagnes ne sont pas sexistes. Une discussion particulière (en anglais) du traitement des femmes de PETA se trouve ici. -ils utilisent de célèbres porte-parole non-végans dans plusieurs campagnes – ceci encourage des messages entremêlant qu’il est suffisant de se prononcer contre la fourrure bien que l’on porte du cuir, ou de se prononcer contre la viande bien que l’on consomme des produits laitiers. Ceci sert à renforcer l’impression que le véganisme est « extrème », et à séparer les différents des enjeux animaux tandis qu’il faudrait au contraire tracer un lien entre tous les types d'exploitation d’êtres sensibles, tout en exposant un aspect particulier de l’exploitation. Mais ne font-ils pas du bien en convaincant des personnes de devenir végétariennes? Même si nous ne sommes pas d’accord avec les campagnes de réforme de bien-être, devrions-nous au moins soutenir cet aspect de l’organisation? Non, nous ne devrions pas. Par exemple, je suis certaine qu’une organisation médicale de bienfaisance donnée fait de bonnes choses, mais en tant que végans nous ne les soutenons pas s’ils subventionnent parfois des expériences sur des animaux, puisque les soutenir financièrement équivaut à donner son approbation à leurs politiques et à encourager tous les aspects de leur organisation, dont certains auxquels nous sommes totalement opposés. De la même manière nous ne devrions pas soutenir PETA si nous n’approuvons pas leurs politiques et tactiques. Des gens comme Gary Francione leur ont déjà demandé à maintes reprises de modifier leurs positionnements qui posent problèmes, et ils ont totalement refusé. Pour chaque personne qui devient végane du fait de leurs campagnes, combien s’éloignent du concept de droits des animaux (qui leur est associé à tort), à cause de leur sexisme, de leurs trucs publicitaires qui rendent l’enjeu trivial et risible? Combien incitent-ils à s’accrocher aux produits d’animaux « élevés humainement » ou à être plus à l'aise avec le fait de manger dans les fast-food comme Burger King qui ont effectué de petits changements sur les normes de traitement qui sont ensuite promu comme étant des victoires en faveur des animaux, ce qui réduit les organisations néo-réformistes au rôle de commerciaux des exploiteurs quand ils font l’éloge des nouvelles « normes humaines » ou d’un nouveau produit « végétarien » mais non-végan. Combien, même parmi ceux qui deviennent végans grâce à eux, croient indéfiniment que les mesures de réforme pour le bien-être font avancer la cause des droits des animaux alors qu’elles lui nuisent? Le fait que certaines personnes deviennent véganes grâce à PETA ne veut pas dire qu’il faut que nous ayons une loyauté quelconque à leur égard une fois que nous comprenons que leurs politiques et campagnes vont à l’encontre des droits des animaux. Un certain nombre de personnes deviennent véganes grâce à eux, mais si parmi ces personnes il y en a qui finissent par adopter le changement complet de paradigme en faveur de l’abolition qui est la composante nécessaire à la transformation sociale éventuelle, ça n’est pas grâce à l’influence de PETA. Nous n’avons pas besoin de ces groupes et de leurs campagnes; il y a largement assez de travail à faire sans l’utilisation de tactiques néo-réformistes, largement assez de travail à faire qui est en accord avec les droits des animaux et qui ne nous force pas à nous compromettre en essayant de travailler avec les exploiteurs ou les organismes néo-réformistes. Nous n’avons pas besoin de leurs ressources telles que pamphlets et affiches afin de mener nos propres campagnes d’éducation végane; nous pouvons utiliser ceux du refuge abolitionniste Peaceful Prairie ou nous en créer nous-mêmes (surtout en français!) pour le temps présent. Le mouvement abolitionniste est dans sa petite enfance, et au fur et à mesure qu’il croît, une plus grande variété de matériel mettant en valeur un message abolitionniste sera disponible pour ceux qui ne peuvent en créer eux-mêmes. Entre-temps, nous n’avons pas besoin de compromettre notre position en se faisant de le relais de la pensée des groupes néo-réformiste, puisque faire cela donne une approbation implicite aux politiques du groupe qui en est à l’origine. En rejetant le néo-réformisme, la question n’est pas de se prononcer ou non contre les horribles maltraitances faites aux animaux telles celles que l’on peut voir dans des vidéos tournées en caméra cachée dans des abattoirs, ceci impliquant que si on ne soutient pas les campagnes de réforme pour le bien-être, cela veut dire que l’on n’est pas sensibles à ces abus ou que l’on veut d’une certaine façon qu’ils continuent. Nous pouvons continuer à dénoncer la cruauté et à exposer les conditions dans lesquelles les animaux souffrent, mais d'une manière qui reconnaît que le problème sous-jacent qui engendre cette cruauté est le statut de propriété des animaux qui permet de les exploiter comme des ressources. Nous continuons à dénoncer la cruauté, mais pas d'une manière qui exige que nous fassions des compromis avec les exploiteurs, qui nous oblige à les remercier quand ils adoptent une réforme que nous leur avons demandée, qui nous force à accepter implicitement la légitimité de l’exploitation animale en travaillant dans le cadre du système de réforme pour le bien-être, système qui est fondé sur le statut de propriété des animaux et sur la légitimité de ce statut. Nous ne pouvons être efficaces dans notre dénonciation du statut de propriété des animaux tant que nous travaillons avec ce système. Le système a une limite inhérente : il présuppose nécessairement, comme base fondamentale, la légitimité du statut de propriété des animaux, et donc il n’y a pas moyen de dépasser cette limite dans le cadre du système. Les campagnes de réforme ont peut-être l’air de mesures de réduction des souffrances des individus exploités, mais elles ne sont en fait rien que des enjeux de droits de propriété. Les animaux sont actuellement les propriétés des exploiteurs, et les réformistes sont en train de dicter comment ils peuvent utiliser leur propriété. Les exploiteurs vont s’opposer aux réformes, même celles qui sont présentées comme avantageuses du point de vue économique, puisque personne n’aime se faire dire comment il est permis d’utiliser ce qui lui appartient. S’engager avec les exploiteurs et les législateurs dans ces campagnes de droits de propriété c'est accepter implicitement qu’il s’agit d’un enjeu de droits de propriété, et l’utilisation du système de réforme institutionnalisé aide à apporter une légitimité à ce système et ainsi renforcer le statut de propriété des animaux. Si nous voulons les droits pour les animaux il faut que nous rejetions complètement ces tactiques contre-productives et les groupes comme PETA qui les emploient et qui perpétuent la confusion sur la notion de droits des animaux, essentiellement en marginalisant les droits des animaux et le véganisme tout en renforçant le statut de propriété des animaux qui permet en premier lieu leur exploitation.
Gretchen et Thor, d'anciens chats sauvages; PETA les auraient tués
Libellés : abolitionnisme, néo-réformisme, PETA