Le point de départ. The starting point.

Le véganisme est la base morale, le point de départ, du mouvement abolitionniste pour les droits des animaux. Dans ce blog je vais explorer des problèmes animaliers selon la perspective du mouvement abolitionniste naissant.

2010-03-25

Déclaration conjointe par un groupe de femmes véganes abolitionnistes

En tant que véganes abolitionnistes et féministes, nous sommes contre l'utilisation de tactiques sexistes par le mouvement de défense des animaux. Le véganisme éthique pour les droits des animaux fait part de la conclusion logique de l'opposition à l'exploitation des êtres sensibles -- les animaux humains autant que les animaux non-humains. L'opposition du spécisme est incompatible avec la participation au sexisme ou à toute autre forme de discrimination, telles le racisme, l'hétérosexisme, le classisme, etc.

Malheureusement, nous avons été témoins de plusieurs femmes proclamant qu'il n'a rien de mal dans l'utilisation du "sexe" comme outil pour communiquer notre message, en se justifiant avec divers arguments. De plus, d'autres défenseurs ont été victimes d'accusations injustes de "sexisme" pour avoir critiqué le sexisme et les choix sexistes dans le cadre du mouvement de protection des animaux. Ni l'un ni l'autre ne devrait être acceptable du point de vue de ceux et celles qui prennent au sérieux le travail contre l'oppression.

Certaines activistes défendent l'utilisation du sexe en nous accusant de pruderie ou de sentiments "anti-sexe". Les végans abolitionnistes sont loin d'être "anti-sexe"; toutefois, nous voyons que la manière dont le sexe est utilisé pour "vendre" dans notre société patriarcale renforce l'image des femmes comme objets. Par exemple, considérez la façon dont PETA utilise le sexe dans ses campagnes - ils renforcent les normes occidentaux de beauté nocives en utilisant presque uniquement des femmes qui sont minces, avec des seins larges, et qui sont présentées de sorte qu'elles apparaissent vulnérables et séduisantes au visionneur (mâle, hétérosexuel) visé, ainsi que presque uniquement des hommes qui sont musclés et présentés comme puissants et sûrs de soi. Lorsque l'on essaie d'utiliser le sexisme pour "vendre" la justice pour les animaux non-humains au prix du renforcement des attitudes nuisibles aux femmes humaines, l'ironie de la situation est claire. L'utilisation des tactiques basées sur des stéréotypes bêtes et nocifs déprécie la gravité des injustices commises contre les animaux non-humains et les femmes humaines tous les deux. Loin de lancer un défi contre l'exploitation animale, ce genre d'approche renforce les stéréotypes mêmes qui nuisent aux femmes tout comme aux non-humains.

Certaines activistes qui défendent l'utilisation du sexe croient que le fait de démontrer notre sexualité attirera l'attention de véganes potentiels en faisant appel à leur image de soi, laissant entendre que lorsqu'elles voient comment le véganisme nous rend "sexy", elles voudront elles aussi devenir végan. Cette notion est non seulement trompeuse mais nuit aussi au vrai message que nous devrions communiquer. Le véganisme se rapporte aux droits des animaux, et non pas au fait de se sentir séduisante ou d'avoir une meilleure vie sexuelle (des caractéristiques que nous savons ont peu à faire avec le fait d'être végan ou non, mais avec le mode de vie et le bien-être de chacun) et ne se rapporte surtout pas à "paraître plus beau" que ceux et celles qui mangent des animaux.

Promouvoir le véganisme comme manière de se rendre "sexy", ce qui est malheureusement presque toujours assimilé à "perdre du poids" dans notre société (par exemple, le livre "Skinny Bitch" vient à l'esprit), sert à renforcer les préjugés contre les personnes plus larges ou qui ont un surplus de poids, ce qui nuit aux hommes tout comme aux femmes dans notre société, mais particulièrement aux femmes. De plus, le véganisme n'est pas une formule magique de perte de poids - il ne manque pas de végans qui sont loin d'être maigres, qui se font essentiellement traités d'échecs par ce genre de campagne qui suggère ou même qui affirme explicitement que le véganisme est une façon d'atteindre les normes de beauté occidentaux. Le fait de faire appel à ces normes nocives non seulement les renforce mais détourne l'attention de la raison réelle pour le véganisme : la reconnaissance de nos obligations morales envers les animaux non-humains.

Plusieurs des activistes qui font la défense de tactiques sexistes argumentent qu'elle ne sont pas, en fait, sexistes, qu'elles permettent aux femmes de s'assumer, et donc que le fait de critiquer ces tactiques démontre un manque de respect envers ces femmes - certaines et certains disent même que le fait de critiquer ces tactiques est sexiste en soi. Ces arguments sont faux pour plusieurs raisons. Premièrement, la plupart du temps ces allégations sont lancées contre les activistes mâles lorsqu'ils critiquent de telles campagnes. Mais le sexe d'une personne, en soi, ne la rend pas plus ou moins qualifié au sujet de sexisme ou de féminisme.

Il y a une attitude que "les hommes devraient se taire et écouter aux femmes" dans ces revendications, ce qui tente de remplacer l'égalitarisme réclamée par le féminisme avec un autoritarisme vide basé sur la biologie. Comme le suggère féministe américaine bell hooks, bien que la solidarité féminine soit puissante, le féminisme est pour tout le monde. En tant que femmes véganes abolitionnistes, nous sommes très contentes d'avoir des alliés mâles tels que Gary L. Francione, entre autres, qui défend le féminisme et dénonce le sexisme dans le mouvement de défense des animaux depuis des années. Quoique nous croyons, comme il se doit, que tout le monde devrait prendre au sérieux les femmes, écouter au point de vue d'une personne n'est pas équivalent à accepter ses arguments ou à se mettre d'accord avec ceux-ci tout simplement puisque la personne est une femme; se trouver en désaccord et présenter des contre-arguments n'est pas équivalent au sexisme. C'est malheureux, mais le sexisme est tellement omniprésent dans notre société que certaines femmes ne croient même pas que ça continue d'être un problème, ne voient pas l'impact du sexisme sur leur vie, et ne se sentent pas que le féminisme demeure pertinent. Certains alliés de féminisme mâles étudient la théorie féministe depuis des années; le fait qu'ils soient mâles ne rend pas invalide cette expertise.

En outre, l'opinion que n'importe quelle action choisie par une femme lui permet automatiquement de s'assumer est simpliste puisqu'elle ignore le contexte patriarcal dans lequel ces choix sont faits. Oui, les femmes qui participent aux campagnes que nous critiquons ont choisi volontairement de le faire, et certaines peuvent se sentir libérées, ou se sentir que leur choix sont eux-mêmes des actes qui défient l'objectivation des femmes, et nous sommes reconnaissantes qu'elles sont de cet avis. Nous leur demandons simplement de considérer sérieusement que ces campagnes sont nuisibles aux femmes ainsi qu'inefficaces contre l'exploitation des animaux non-humains, et, qu'en vue de cela, les femmes seraient mieux de ne plus les soutenir ni d'y participer.

Tel qu'affirmé ci-haut, l'opinion que les femmes s'assument ou sont libérées en choisissant de se marchandiser ignore la dimension structurelle du sexisme dans notre société patriarcale. Que nous en sommes d'accord ou non, nos choix de tenter de "réclamer" la marchandisation des femmes en y participant volontairement affectent la vie d'autres femmes, surtout les femmes qui ont moins d'influence. Dans le contexte d'une culture qui voit et qui présente quotidiennement les femmes comme des objets sexuels, l'intention de "réclamation" de ces choix est en pure perte vis-à-vis du public, et l’objectivation est tout simplement renforcée. Lorsque ce sexisme est renforcé comme étant acceptable ou sans importance, l'effet global est de renforcer les attitudes qui permettent le trafic, l'abus, et les autres formes d'exploitation et de violence que subissent les femmes pauvres et de statut socio-économique inférieur à travers le monde à tous les jours.

Certains défenseurs argumentent que ces campagnes sont nécessaires afin d'attirer l'attention du public. Comme nous avons mentionné, cela détourne l'attention des véritables raisons pour le véganisme : le droit des êtres sensibles de ne pas être des propriétés. Attirer de l'attention peu importe le coût n'est pas la façon d'avancer une question sérieuse comme la violence envers les animaux. Puisque cette violence n'est pas encore prise au sérieux, les tactiques qui visent à attirer de l'attention peu importe le coût servent seulement à minimiser de plus la question dans les yeux du public. Il est vrai que les campagnes sexistes menées par PETA attirent de l'attention, mais dans l'ensemble c'est de l'attention pour PETA et non pour les enjeux en question. C'est une stratégie de guerrilla marketing conçue pour inciter les gens à parler de PETA et donc pour que les dons continuent à survenir. (Et voyons, ça fonctionne, puisque nous discutons présentement de PETA, mais nous nous sentions que nous ne pouvaient exposer la question sans mentionner le plus flagrant coupable.)

Encore plus troublant sont les campagnes qui juxtaposent le sexe et des images explicites de violence, dans le but prétendu d'attirer l'attention des jeunes hommes hétérosexuels et ensuite leur informer du traitement des non-humains. Par exemple, le vidéo "State of the Union Undress 2010" sur le site web de PETA met en vedette une femme qui se dérobe "pour les animaux" et ensuite un deuxième vidéo, présentant des images de violence explicite infligée sur les non-humains, commence à jouer automatiquement. Inciter les hommes à associer ces images excitantes avec des images de violence sanglantes aide la situation comment?

Les campagnes qui utilisent de façon flagrante le sexe et les standards occidentaux de beauté ne sont pas les seules tactiques sexistes utilisées par le mouvement de protection animale. Par exemple, les campagnes de longue date contre la fourrure ont un élément sexiste distinct. En singularisant la fourrure, les défenseurs ne suggèrent non seulement qu'il y a une différence morale entre la fourrure et le cuir ou les autres types de vêtements dérivés d'animaux, mais singularisent aussi les personnes qui portent de la fourrure, tout en ignorant ou minimisant les actions des autres qui portent d'autres sortes d'animaux. La plupart de la fourrure dans notre société est portée par des femmes. En effet, ces campagnes distinguent comme moralement injuste une utilisation particulière d'animaux qui est le plus souvent perpétré par des femmes, tout en minimisant d'autres utilisations également moralement injustes qui sont perpétrés par tous les sexes. Est-ce vraiment utile de dénoncer une vieille dame en manteau de fourrure tout en ignorant un motard en veste de cuir?

La question du sexe dans le contexte de l'exploitation animale mérite aussi une mention. Les animaux exploités pour leur lait et leurs oeufs sont, il est évident, des femelles qui se font exploitées pour leur cycle reproductif. Elles se font fécondées par force à chaque année dans le cas des vaches (c'est-à-dire, violées), et ensuite se font enlever leur bébé, ce qui cause un bouleversement profond à la mère autant qu'au petit. Mammifères et oiseaux sont tous les deux tués lorsqu'ils atteignent l'âge où leur cycle de reproduction ralentit ou arrête et donc que leur propriétaire ne les trouve plus rentables. De façon similaire, des femelles de la plupart des espèces exploitées par les humains se font utilisées comme reproductrices, forcées à donner naissance à portée sur portée de petits, et sont abandonnées ou tuées lorsque leur utilité diminue.

Bien que, comme nous nous attendons dans notre société spéciste où les non-humains ont le statut de propriété, le féminisme et le sexisme s'adressent aux humains, lorsque nous prenons une perspective abolitionniste végane ainsi que féministe, cette exploitation de la "féminitude" des animaux femelles tombe dans l'intersection des deux luttes. Il est bizarre que certaines personnes se disent végétariennes (mais non véganes) pour des "raisons féministes" - on s'attendrait à ce que quelqu'un qui trouve qu'il y ait un lien entre la consommation de chair animale et le traitement des femmes "comme de la viande" verrait aussi le lien entre l'utilisation de produits animaliers qui viennent expressément du cycle reproductif d'animaux femelles. Le féminisme n'est pas uniquement une question d'avoir un vagin et un monologue; c'est une pratique mise en oeuvre à chaque jour, une force dynamique pour le changement et la libération, un dialogue, une communauté, et une transformation sociale concrétisée dans nos paroles et nos actions à chaque moment de notre vie.

Si le féminisme est pour tout le monde, cela inclut les animaux non-humains. En tant que défenseurs des animaux, peu importe que nous soyons mâle ou femelle ou genderqueer, c'est à nous d'assumer la responsabilité d'opposer l'exploitation et l'oppression de tous les êtres sensibles. Nous pourrons réaliser cela en nous engageant dans de l'éducation créative et objective. Comment pouvons-nous prétendre d'éliminer l'exploitation des non-humains tout en encourageant ou en acceptant l'exploitation de nos semblables êtres humains?

Au fond de la question : nous marchandiser volontairement ne nous permet pas réellement de nous assumer. Nous ne pouvons utiliser des méthodes sexistes afin d'avancer une cause de justice sociale. Des liens existent entre toutes les formes d'exploitation d'êtres sensibles; nous ne réussirons pas à éliminer le spécisme, l'oppression des animaux non-humains tout simplement à cause de leur espèce non-humaine, sans nous engager sérieusement à éliminer en plus le sexisme, et surtout pas par la voie de l'opportunisme de certains activistes qui visent à attirer de l'attention peu importe le coût aux autres groupes opprimés.

Ana María Aboglio
Paola Aldana de Meoño
Jo Charlebois
Elizabeth Collins
Vera Cristofani
Karin Hilpisch
Mylène Ouellet
Renata Peters
Trisha Roberts
Kerry Wyler

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2007-12-14

Pétition pour PeTA : si vous prenez les droits des animaux au sérieux, s.v.p. signez!

Roger Yates vient de créer une pétition afin de demander à PETA d'arrêter de représenter erronément le livre utilitariste Animal Liberation de Peter Singer comme livre de théorie de droits des animaux. Cette représentation erronée réfléchie leur est utile puisqu'ils continuent de se promouvoir en tant qu'organisme de droits des animaux lorsqu'ils ne le sont pas. Mais leur approfondissement du malentendu auprès du public de ce que sont les "droits des animaux" est un problème pris au sérieux par ceux et celles qui se concernent honnêtement avec les droits des animaux. Comme Roger explique dans sa note descriptive sur son blog, "Pour quelle raison est-ce que je prends la peine de présenter une pétition à PeTA dans un monde où environ 17 000 non-humains sont abattus pour leur chair à chaque seconde? Je prends la peine parce que les réclamations des mouvements de justice sociale sont importantes. Je prends la peine parce que la clarté des réclamations des mouvements de justice sociale est aussi importante.

S'il vous plaît visitez la pétition de Roger et signez-la pour montrer votre soutien!

Traduction du texte de la pétition:

Tout comme leur guide philosophique Peter Singer, People for the Ethical Treatment of Animals (PeTA) ne sont pas une organisation pour les droits des animaux, dans le sens qu'ils ne voient pas les droits comme une base fondamentale de leur position morale concernant les relations entre les humains et les non-humains. Tout comme Singer, PeTA utilise le terme "droits" comme sténographie politique, comme terme rhétorique vide.

Puisqu'il existe des défenseurs des animaux qui veulent prendre au sérieux les droits et pour qui des réclamations basées sur les droits sont leur réclamations fondamentales concernant les relations entre les humains et les non-humains, les ambiguïtés de PeTA à cet égard endommage les aspirations de ces défenseurs. Surtout problématique sont les cas où PeTA fait des déclarations trompeuses concernant les droits et les droits des animaux. En particulier, PeTA déclare que le livre "Animal Liberation" de Peter Singer est un texte basé sur les droits. PeTA déclare que "Animal Liberation" fournit une analyse en profondeur de la philosophie des droits des animaux ce qui n'est pas correct. De plus, ils suggèrent que "Animal Liberation" est le seul livre "droits des animaux" qu'il faut lire, suggestion qui est grossièrement trompeuse.

Cette pétition demande respectueusement à People for the Ethical Treatment of Animals de corriger ces erreurs afin d'aider l'évolution théorique du mouvement pour les droits des animaux. La rationale complète pour cette pétition est décrite ICI. (anglais seulement)

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2007-10-16

8 faits

Kenneth de Animal Rights Malta m'a taggué dans le jeu "8 true things" alors voici une note présentant 8 faits au sujet de "moi". Je ne vais pas suivre les règles du jeu (qu'il faut présenter les règles et tagguer d'autre monde à la fin) mais de toute façon voici 8 faits à mon sujet:

1. Pendant les derniers mois ma vie a subi beaucoup de changements qui ont pris priorité sur mon blog (pas mal évident, étant donné les mises à jour infréquentes).


2. J'ai adopté huit chats sans foyer depuis quelques années; dont six directement des rues de Montréal et un qui a été sauvé "dernière-minute" avant qu'il ne soit tué chez la SPCA. J'habite présentement avec trois de ces chats, Azraël, Thor, et Jasmine, ainsi que Julius, récemment adopté d'un refuge. Thor et Julius figurent dans la photo. J'avais plusieurs autres ami(e)s et connaissances félines dans mon quartier à Montréal qui n'ont pas été aussi chanceux que ceux et celles avec lesquels je partage mon foyer, ce qui a influencé le développement de mon point de vue contre la domestication des animaux non-humains. J'aime beaucoup mes amis félins et je me sens chanceuse de les connaître, mais je me rends compte que la souffrance dont j'ai été témoin (seulement le bout de l'iceberg par rapport à la situation terrible des animaux abandonnés et sans foyer) est le résultat inévitable de la domination et de l'exploitation comme des propriétés des animaux non-humains, même cette forme de domination à première vue bénévole, ou au moins neutre, en vue d'avoir un compagnon à aimer et à soigner. La création par exprès d'une relation de dépendance à vie, ce que le concept institutionnalisé de "possesion d'un animal de compagnie" impose sur tout animal "de compagnie" n'importe la qualité des soins accordés, est de nature inhérent exploitatif.

3. Je suis coureur. J'ai complété mon dernier marathon à la fin mai en 3 heures, 35 minutes.

4. Je suis végane depuis 2004.

5. Je regrette maintenant mon implication (il va sans dire, étant donné la nature de ce blog!), mais dans le passé avant que mon point de vue abolitionniste soit développé, j'ai organisé la Marche Montréalaise pour les animaux de ferme pour l'organisation Farm Sanctuary. Je ne me doute pas que mon expérience en tant que nouveau végan soit commun: le résultat malheureux de la domination du mouvement actuel de protection des animaux par le néo-réformisme est la croyance que si on veut s'impliquer pour aider les animaux, la seule manière de ce faire est de prêter son support aux campagnes néo-réformistes et aux grandes organisations néo-réformistes. Ce genre d'actions paraît comme "ce que tout le monde fait" et est présenté par les grandes organisations (qui sont bien sûr en compétition pour les membres et les dons, et essayent donc de plaire à tout le monde) comme la seule manière à effectuer des changements.

Dans la version anglaise de cette note, je discute de plusieurs aspects problématiques du néo-réformisme soulignés (par mégarde) dans un article récent des NY Times mettant en vedette Farm Sanctuary et d'autres groupes néo-réformistes.

6. J'ai été parmi ceux et celles qui ont testé des recettes pour le livre Alternative Vegan de Dino Sarma.

7. J'ai deux diplômes Maître ès sciences, en mathématiques pures et en statistique.

8. J'aimerais apprendre l'espagnol. Jusqu'à maintenant tout ce que je connais sont des affaires comme 'Como està? Muy bien, gracias', et 'Yo como'. Voici ce que je connais en néerlandais: Heef de boer een leeuw in de tuin? Ja, de leeuw is vriendelijk! J'ai aussi suivi des cours de latin pendant deux ans mais tout ce qui me vient immédiatement à l'esprit est: Mater tua caligas gerit. :P

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2007-05-24

Mobilisation de ressources et cloisonnement de problèmes animaliers

Récemment, Roger Yates a posté une note sur son excellent blog “On Human-Nonhuman Relations”, note sur laquelle j’aimerais mettre l’accent. Cette note, Mobilising Resources (Mobilisation de ressources), traite des raisons sous-jacentes qui poussent les organisations à caractère social à modérer leur message et à adopter une position de “pragmatisme organisationnelle”. Dans son traitement du problème, Roger attire aussi notre attention sur les problèmes engendrés par le cloisonnement des problèmes animaliers qui est souvent pratiqué par des organisations de défense des animaux. Ce problème m’inquiète depuis quelque temps, et Roger m’a gracieusement donné sa permission de traduire sa note en français afin de partager son message important avec mes lecteurs francophones. La note originale de Roger se trouve ici.


Mobilisation de ressources

On vient de discuter sur un forum Internet du fait de faire campagne contre la production de veau, évaluant les mérites des types de campagnes pour les droit des animaux des abolitionnistes et des néo-réformistes. La première position est articulée par Gary Francione (http://garyfrancione.blogspot.com) tandis que le néo-réformisme c’est la notion consistant à penser que « réformes de bien-être + réformes de bien-être + réformes de bien-être + réformes de bien-être »
un jour équivaudrait, d’une certaine manière, aux « droits pour les animaux ».  Par essence, les abolitionnistes considèrent que les animaux non-humains sensibles sont des individus avec des droits et que ce que les humains leur font équivaut à des transgressions systématiques de ces droits, tandis que les néo-réformistes utilisent l'étiquette « droits des animaux » dans un sens de pure forme et ont tendance à ignorer, s’opposer à, ou être irrité par le positionnement philosophique des droits des animaux. Ces derniers – la grande majorité du mouvement actuel de protection des animaux – se plaignent de la « cruauté » et des « souffrances inutiles » et utilisent parfois l'étiquette des « droits des animaux » pour désigner leur groupe.


« Sean » a fait une importante contribution à ce débat en montrant l'inefficacité du réformisme en tant que stratégie pour aider les animaux non-humains. Ceux qui réclament les droits des animaux sont souvent accusés d'être des utopistes et de ne pas être réalistes, mais Sean postule que l'inefficacité du réformisme condamne cette approche à de longues années d'échecs et de minuscules avancées. Par exemple, il suggère qu'un mouvement réformiste pourrait dépenser beaucoup de temps et de ressources à la poursuite d’une réforme, disons, l'établissement de la méthode d’asphyxie en atmosphère contrôlée afin de tuer les poulets. Le succès de cette campagne serait qualifié de « victoire », mais les humains continueraient à manger les poulets, conscients ou non que les méthodes d'abattage des oiseaux viendraient d'être modifiées. Ensuite, dit Sean, imaginons qu'un cirque avec des aniamux arrive en ville et que les gens qui mangent les poulets y assistent. Maintenant il est le temps de réclamer de plus grandes cages et de plus longues chaînes pour les esclaves non-humains du cirque. Même les gens qui ont été sensibilisés aux « méthodes cruelles » de l’abattage des poulets doivent être sensibilisés de nouveau sur la « cruauté des cirques ».

On peut espérer que ces personnes adoptent le message et s'engagent à boycotter tout cirque avec des esclaves non-humains - mais, qu'est-ce qui se passe lorsque ces mêmes gens veulent acheter un nouveau chiot? Ils pourraient penser qu'un chiot est une bonne récompense pour leurs enfants, déçus de ne plus pouvoir aller au cirque. Sean explique qu'encore une fois, ces gens ont besoin d'être sensibilisés sur les conditions affreuses des « puppy mills ». Et de suite, demande Sean, que feront ces gens - s'ils font quelque chose - en apprenant qu'une proposition qui détruira 100 hectares d'arbres, et, qui, ce faisant, tuerait ou déplacerait les résidents non-humains? Encore un besoin de plus de sensibilisation?

Ce que Sean veut dire est clair et bien expliqué : le réformisme « au coup par coup » pour le bien-être animal peut seulement emmener les gens dans un voyage vers les « droits des animaux » à travers une route longue, sinueuse, et pénible. Cette observation, en fait, est trop indulgente envers la stratégie des néo-réformistes, puisque l'abolitionnisme suggère que le réformisme institutionnalisé sert à renforcer le statut de propriété des animaux, un obstacle des plus sérieux qui bloque effectivement le mouvement vers les authentiques droits des animaux. La stratégie des abolitionnistes est de se concentrer sur l'éducation végane, et ainsi couper tout droit à travers le champ de mines que les réformistes essayent de traverser sur la pointe des pieds. Les végans éthiques n’ont pas besoin d’être sensibilisés à chaque fois sur les problèmes concernant les relations entre les humains et non-humains. Pourquoi alors une personne ou un groupe se baseraient-ils sur la voie des réformistes pour faire campagne?

Des idées associées à la théorie de mobilisation des ressources (TMR) apportent une aide ici, bien que je crois qu'elles offrent seulement une solution partielle à la question. La TMR a tendance à voir les organisations à caractère social (OCS) comme des organisations classiques ou comme des entreprises qui prennent des décisions rationnelles – de leur point de vue – concernant leurs activités, leur recrutement et la fidélisation de ses membres.

La TMR peut expliquer pourquoi certains groupes ont tendance à avoir des considérations apparemment de bon sens vis-à-vis de leur stabilité et leur survie, ceci aboutissant au pragmatisme organisationnel qui les amène à modérer leurs aspirations. En pratique ceci veut dire que les OCS commencent à se demander si elles devraient avoir un personnel permanent et rémunéré, un département de ventes, et comment mieux organiser leurs collectes de fonds, surtout quand elles ne peuvent compter sur des legs. Les gens ont tendance à léguer des fonds à des organisations qu'ils croient assez stables pour continuer à exister longtemps après leur mort. On dit que les organisations ne reçoivent leurs premiers legs avant qu'elles aient environ dix ans. Les approches biographiques en sociologie démontrent que beaucoup d'êtres humains aiment laisser une trace de leur existence sur terre, et que ceux qui soutiennent un combat social ont tendance à penser que, en continuant à exister, les organisations qu'ils soutiennent permettent que l'on continue de se souvenir d'eux, surtout si on mentionne leur nom dans les rapports annuels de l’organisation.

Se focaliser sur la stabilité et la longévité de cette manière peut pousser les OCS à modérer leur position de campagne - et surtout quand ils voient que la modération aide à croître la liste de membres. Cependant, les OCS peuvent ainsi souffrir de tensions entre les considérations de ceux que l'on appelle « les pragmatiques » et « les fondamentaux », puisque un grand nombre des membres les plus récents ont probablement adhéré en soutien d'une campagne modérée ou limitée, et non en appui des principes de base qui ont lancé la mobilisation originelle. Nous avons essentiellement un problème de « déplacement d'objectifs » quand des personnes qui avaient l'idée de changer le monde finissent par organiser des événements sponsorisés comme des promenades de chiens afin de collecter des fonds pour des groupes nationaux. Ces idées sont davantage soulignées par la suggestion de la TMR que les OCS sont attirées par la notion de « professionnalisme », et par la création d'un « cercle intérieur » ou d'une « élite » qui est séparée de ceux et celles qui soutiennent l'organisation seulement passivement ou financièrement et qui n'assisteront que rarement à une réunion ou une conférence. Quand ce genre de situation a lieu c'est exactement à ce moment que les organisations tendront à se doter d'un personnel rémunéré et une structure organisationnelle stable.

Alors la TMR voit les OCS comme n'étant plus qu'instrumentales et n'ayant plus qu'une activité « pratique ». Selon la théorie, les OCS, tout comme d’autres organisations, collectent, échangent, utilisent (et gaspillent) des ressources. Ces ressources peuvent être, et ça n’est pas surprenant, des membres, des fonds, des votes, de l’information, et des emplois. Le mouvement moderne de protection des animaux représente un marché compétitif où différents groupes sont en compétition pour attirer et conserver des membres. En effet il se peut que l’Internet ait dégradé la loyauté de membres. Auparavant les OCS s'assuraient la loyauté de leurs membres en leur offrant des privilèges exclusifs telles les journaux et les matériaux de campagne, la plupart desquels sont maintenant disponibles en ligne pour tout le monde, membres ou non-membres.

Le marché aux adhérents aide à expliquer pourquoi tant d’OCS ont « besoin » de régulièrement crier « victoire » dans les batailles qu’elles lancent et soutiennent. Bien sûr, elles doivent toujours avoir de nouvelles batailles à mener, ce qui fait que le problème de l’usage par les humains des autres animaux est souvent compartimenté en divers sous-groupes distincts comme la chasse, la vivisection, le végétarisme, la fourrure. Les organisations peuvent faciliter cette division (la fracture de tout ce qui est automatiquement inclus dans la notion du véganisme éthique) sur leur site web en ayant des liens séparés pour les différents problèmes, tandis que d’autres organisations travaillent tout simplement sur l'un de ses sous-groupes. Ces sous-groupes peuvent eux-aussi se voir divisés, comme ce fut le cas lors des campagnes anglaises contre les sports sanguinaires.

Dans ces circonstances, on comprend aisément que certains groupes répondraient de manière défiante à toute suggestion abolitionniste postulant que la position de base pour toute action en faveur des animaux devrait être le véganisme. Cependant, ces groupes sont certainement chaleureux envers les idées présentées dans The Way We Eat: Why Our Food Choices Matter quand les auteurs Singer et Mason déclarent que l’alimentation est un enjeu éthique « mais il n’est pas nécessaire de devenir fanatique » (2006, p. 278). La discipline sociologique d’éthnométhodologie étudie la quantité due « travail » fournit par les membres d’une société afin de comprendre les messages des autres membres. Une évaluation éthnométhodologique de l’usage du terme « fanatique » dans la dernière partie d’un livre qui décrit l’alimentation végane comme étant un choix alimentaire bon et éthique révèle que le mot « fanatique » est entendu comme « végan » dans le livre de Singer et Mason. Le livre et les OCS de la mouvance actuelle qui feront la promotion de ce livre suggèrent aux adhérents que le véganisme est une chose à laquelle il faudrait peut-être aspirer un jour plutôt qu’une position de base qu’il faudrait adopter immédiatement sur la question de la consommation de la chair et des sécrétions d’autres animaux. L’impression est aussi qu’une fois le parcours apparemment « difficile » vers le véganisme terminé, il n’est pas nécessaire de trop se soucier d’écarts que l’on peut faire comme par exemple manger une crème glacée laitière de temps en temps, comme si un militant pour les droits de la personne (« droits de l'Homme ») serait excusé d’un peu de violence domestique de temps en temps.

Les défenseurs des animaux abolitionnistes, bien sûr, prennent la position du véganisme-comme-base-nécessaire avec sérieux et expriment souvent leur point de vue avec les droits de la personne à l'esprit. Les non-abolitionnistes ont tendance à ne pas baser leur position sur les droits et sur la violation des droits, préférant l’utilisation rhétorique du terme « droits » dans le cadre de notions réformistes contre la « cruauté » et la « souffrance inutile ». Les défenseurs non-abolitionnistes n’ont pas tendance à évaluer leurs revendications en songeant à quoi ressemblerait une campagne identique mais pour les droits de la personne. Par conséquent, ils ne verront pas que soutenir les traitements « moins cruels » des animaux non-humains est équivalent à des défenseurs des droits de la personne demandant aux personnes pratiquant le commerce d’êtres humains de simplement « mieux traiter » leurs prochaines victimes. Au lieu de promouvoir une position cohérente de principe, ils ont l’air de toujours vouloir « avoir quelque chose à dire » à la personne qui ne deviendrait jamais végane ou à la personne qui est contre la vivisection mais ne se priverait jamais de son steak. Il est aussi probable que l’anti-abolitionniste possède des animaux domestiques et soit contre les pratiques « cruelles » d’élevage plutôt que contre l’institution qui permet de posséder des animaux domestiques.

Ainsi, avec une pauvreté d’ambition remarquable, les non-abolitionnistes modèrent leur message et sont entraînés à se prononcer sur la taille de cages, des méthodes d’abattage, et des points précis de méthodes de production. Ça en dit long sur ce mouvement en faveur des animaux non-humains que de telles choses soient considérées comme étant normales dans le courant principal des revendications tandis que la promotion honnête et cohérente du véganisme est caractérisée de fanatique. Une des meilleurs citations de l’écrivain Douglas Adams était qu’un vaisseau spatial se suspend en l’air de la même manière qu’une brique ne le fait pas : semblablement ces non-abolitionnistes s’impliquent dans des calculs réformistes de la même manière que les défenseurs des droits de la personne ne le feraient pas.

-Roger Yates, 7 mai, 2007.

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2007-04-22

Comment PETA nuit à la cause des droits des animaux

Veuillez noter : les arguments généraux contre les tactiques « néo-réformistes » parmi les explications suivantes s’appliquent bien sûr à tous les groupes « néo-réformistes », mais cette note vise PETA en particulier à la suite de commentaires récents de la part de membres de PETA, dans les commentaires du blog ainsi qu’ailleurs.


PETA n’est pas un organisme pour les droits des animaux, mais ils ont quand même réussi, du fait de leur grande influence, à cultiver et maintenir une image vis-à-vis du public qu’ils seraient « le » groupe en faveur des droits des animaux. Ceci est très nuisible à la cause des droits des animaux, puisqu’ils mènent des campagnes et ont des politiques officielles qui sont incompatibles avec les droits des animaux. Ce qui veut dire que non seulement ils mènent des campagnes inconciliables avec les droits des animaux, mais ils font la promotion de ces campagnes comme si elles définissaient la nature des droits des animaux. Y est-il alors surprenant que la plupart du public, ainsi que certains défenseurs des animaux, ne comprennent ni qu’il y a une différence entre les réformes de normes de bien-être animal et les droits des animaux, ni que ces deux concepts sont fondamentalement incompatibles? En ce moment, cette confusion par rapport à ce que veut dire « droits des animaux » est une des barrières les plus importantes qu’il nous faut surmonter sur le chemin vers l’abolition éventuelle de l’exploitation animale – il faut que nous fassions explicitement la distinction entre réformes de bien-être et droits et montrer explicitement que c’est le statut de propriété des animaux qui est la racine de toutes les actions atroces commises contre eux. Bref, il nous faut d’abord habituer les gens à entendre un vrai argument en faveur des droits des animaux qui explicite le paradigme de propriété tout en dénonçant la souffrance et la cruauté, au lieu de se concentrer seulement sur les traitements cruels, et qui explique comment les différences fondamentales entre notre position et celle qui accepte l’utilisation des animaux dans certaines circonstances écartent nos efforts de ceux qui visent des normes de bien-être. PETA et les autres organismes néo-réformistes perpétuent cette confusion et représentent faussement le concept de droits des animaux, et donc non seulement ils ne font rien pour surmonter cet important obstacle, mais ils l’élèvent sans cesse.

En ce qui concerne quelques exemples particuliers (parmi beaucoup d'autres) d’actions et de politiques de PETA qui vont à l’encontre des droits des animaux :

-ils ne réclament pas le droit à la vie pour les non-humains (rechercher "we do not advocate 'right to life' for animals" sur cette page), et tuent ainsi des animaux en bonne santé, s’opposent aux refuges qui ne pratiquent pas l’euthanasie, s'opposent aux programmes de piéger-stériliser-relâcher en préférant « aider » les chats sauvages en les tuant (résumé dans le même lien ci-haut).


Gretchen et Thor, d'anciens chats sauvages; PETA les auraient tués





-ils donnent des prix à des concepteurs d’abbatoirs et de vendeurs de produits animaliers provenant d’animaux élevés « humainement », et font la promotion de produits vendus en restauration rapide non-végans tels le hamburger végétarien de Burger King.

-ils emploient des campagnes publicitaires sexistes qui traitent les femmes comme des objets sexuels. Leur raisonnement semble être que « le sexe aide à vendre », mais en quoi est-ce faire la promotion des femmes (et parfois des hommes aussi) en tant qu'objets sexuels, et le sempiternel renforcement des standards occidentaux traditionnels de beauté, ainsi que la présentation de campagnes de divertissement misogynes, en quoi cela encourage-t-il qui que ce soit à penser sérieusement à des enjeux de justice sociale? Un mouvement de justice sociale (les droits des animaux) ne peut être promu au détriment d’un autre (le féminisme); toutes les formes d’oppression sont reliées. Ceux qui soutiennent ces campagnes nient peut-être l’accusation de sexisme avec l’excuse que les femmes en question y ont participé volontiers. Oui elles ont participé volontiers, mais dans le cadre d’une société basée sur un régime patriarcal qui est tellement enraciné que beaucoup de gens ne peuvent pas le reconnaître et certains pensent même que le sexisme n’est plus un problème de nos jours, cela ne veut pas dire que ces campagnes ne sont pas sexistes. Une discussion particulière (en anglais) du traitement des femmes de PETA se trouve ici.

-ils utilisent de célèbres porte-parole non-végans dans plusieurs campagnes – ceci encourage des messages entremêlant qu’il est suffisant de se prononcer contre la fourrure bien que l’on porte du cuir, ou de se prononcer contre la viande bien que l’on consomme des produits laitiers. Ceci sert à renforcer l’impression que le véganisme est « extrème », et à séparer les différents des enjeux animaux tandis qu’il faudrait au contraire tracer un lien entre tous les types d'exploitation d’êtres sensibles, tout en exposant un aspect particulier de l’exploitation.

Mais ne font-ils pas du bien en convaincant des personnes de devenir végétariennes? Même si nous ne sommes pas d’accord avec les campagnes de réforme de bien-être, devrions-nous au moins soutenir cet aspect de l’organisation? Non, nous ne devrions pas. Par exemple, je suis certaine qu’une organisation médicale de bienfaisance donnée fait de bonnes choses, mais en tant que végans nous ne les soutenons pas s’ils subventionnent parfois des expériences sur des animaux, puisque les soutenir financièrement équivaut à donner son approbation à leurs politiques et à encourager tous les aspects de leur organisation, dont certains auxquels nous sommes totalement opposés. De la même manière nous ne devrions pas soutenir PETA si nous n’approuvons pas leurs politiques et tactiques. Des gens comme Gary Francione leur ont déjà demandé à maintes reprises de modifier leurs positionnements qui posent problèmes, et ils ont totalement refusé.

Pour chaque personne qui devient végane du fait de leurs campagnes, combien s’éloignent du concept de droits des animaux (qui leur est associé à tort), à cause de leur sexisme, de leurs trucs publicitaires qui rendent l’enjeu trivial et risible? Combien incitent-ils à s’accrocher aux produits d’animaux « élevés humainement » ou à être plus à l'aise avec le fait de manger dans les fast-food comme Burger King qui ont effectué de petits changements sur les normes de traitement qui sont ensuite promu comme étant des victoires en faveur des animaux, ce qui réduit les organisations néo-réformistes au rôle de commerciaux des exploiteurs quand ils font l’éloge des nouvelles « normes humaines » ou d’un nouveau produit « végétarien » mais non-végan. Combien, même parmi ceux qui deviennent végans grâce à eux, croient indéfiniment que les mesures de réforme pour le bien-être font avancer la cause des droits des animaux alors qu’elles lui nuisent? Le fait que certaines personnes deviennent véganes grâce à PETA ne veut pas dire qu’il faut que nous ayons une loyauté quelconque à leur égard une fois que nous comprenons que leurs politiques et campagnes vont à l’encontre des droits des animaux. Un certain nombre de personnes deviennent véganes grâce à eux, mais si parmi ces personnes il y en a qui finissent par adopter le changement complet de paradigme en faveur de l’abolition qui est la composante nécessaire à la transformation sociale éventuelle, ça n’est pas grâce à l’influence de PETA.

Nous n’avons pas besoin de ces groupes et de leurs campagnes; il y a largement assez de travail à faire sans l’utilisation de tactiques néo-réformistes, largement assez de travail à faire qui est en accord avec les droits des animaux et qui ne nous force pas à nous compromettre en essayant de travailler avec les exploiteurs ou les organismes néo-réformistes. Nous n’avons pas besoin de leurs ressources telles que pamphlets et affiches afin de mener nos propres campagnes d’éducation végane; nous pouvons utiliser ceux du refuge abolitionniste Peaceful Prairie ou nous en créer nous-mêmes (surtout en français!) pour le temps présent. Le mouvement abolitionniste est dans sa petite enfance, et au fur et à mesure qu’il croît, une plus grande variété de matériel mettant en valeur un message abolitionniste sera disponible pour ceux qui ne peuvent en créer eux-mêmes. Entre-temps, nous n’avons pas besoin de compromettre notre position en se faisant de le relais de la pensée des groupes néo-réformiste, puisque faire cela donne une approbation implicite aux politiques du groupe qui en est à l’origine.

En rejetant le néo-réformisme, la question n’est pas de se prononcer ou non contre les horribles maltraitances faites aux animaux telles celles que l’on peut voir dans des vidéos tournées en caméra cachée dans des abattoirs, ceci impliquant que si on ne soutient pas les campagnes de réforme pour le bien-être, cela veut dire que l’on n’est pas sensibles à ces abus ou que l’on veut d’une certaine façon qu’ils continuent. Nous pouvons continuer à dénoncer la cruauté et à exposer les conditions dans lesquelles les animaux souffrent, mais d'une manière qui reconnaît que le problème sous-jacent qui engendre cette cruauté est le statut de propriété des animaux qui permet de les exploiter comme des ressources. Nous continuons à dénoncer la cruauté, mais pas d'une manière qui exige que nous fassions des compromis avec les exploiteurs, qui nous oblige à les remercier quand ils adoptent une réforme que nous leur avons demandée, qui nous force à accepter implicitement la légitimité de l’exploitation animale en travaillant dans le cadre du système de réforme pour le bien-être, système qui est fondé sur le statut de propriété des animaux et sur la légitimité de ce statut.

Nous ne pouvons être efficaces dans notre dénonciation du statut de propriété des animaux tant que nous travaillons avec ce système. Le système a une limite inhérente : il présuppose nécessairement, comme base fondamentale, la légitimité du statut de propriété des animaux, et donc il n’y a pas moyen de dépasser cette limite dans le cadre du système. Les campagnes de réforme ont peut-être l’air de mesures de réduction des souffrances des individus exploités, mais elles ne sont en fait rien que des enjeux de droits de propriété. Les animaux sont actuellement les propriétés des exploiteurs, et les réformistes sont en train de dicter comment ils peuvent utiliser leur propriété. Les exploiteurs vont s’opposer aux réformes, même celles qui sont présentées comme avantageuses du point de vue économique, puisque personne n’aime se faire dire comment il est permis d’utiliser ce qui lui appartient. S’engager avec les exploiteurs et les législateurs dans ces campagnes de droits de propriété c'est accepter implicitement qu’il s’agit d’un enjeu de droits de propriété, et l’utilisation du système de réforme institutionnalisé aide à apporter une légitimité à ce système et ainsi renforcer le statut de propriété des animaux. Si nous voulons les droits pour les animaux il faut que nous rejetions complètement ces tactiques contre-productives et les groupes comme PETA qui les emploient et qui perpétuent la confusion sur la notion de droits des animaux, essentiellement en marginalisant les droits des animaux et le véganisme tout en renforçant le statut de propriété des animaux qui permet en premier lieu leur exploitation.

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